Migration
Tant que je verrai passer le V des oies sauvages
Comme un puissant signal, balayant le ciel impassible
Je saurai que le monde avance et que tout est possible
D’un battement d’ailes, elles recouvrent mon visage
La migration animale des instincts primitifs me rassure
J’avance à petits pas dans l’année ruisselante de pluies
Et ces oiseaux défient les vents, des jours et des nuits
Leur élan vital vers l’été comme une heureuse signature
Agit sur moi tel un baume, glissant sur mes joues basculées
La victoire du temps quel que soit le passé, la question ou l’erreur
La victoire en avant et la foi en un avenir encore un peu meilleur
Un chemin inoublié, des haltes reposantes au goût de terres brûlées
Tant que passeront sur mon corps les ombres des oies sauvages
Comme des frémissements de vies multiples conjuguées en un seul vol
Je saurai que ma vie m’attend là, entre le rêve et l’empreinte du sol
Entre l’envie de partir ailleurs et l’appel muet de cet ultime voyage
Déployer mes ailes en V moi aussi
Et rejoindre un petit point, au cœur de la nuée
Avaler l’air du désert et la neige de Sibérie
Dormir entre deux branches, me nourrir de buée
Laisser l’oiseau décrire ses lignes magnifiques
Ces chants de réunion, ces traits de bel espoir
Laisser les migrateurs dessiner les tropiques
Garder en moi le doux refrain de leur victoire.
CF
(Inédit)
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